Et puis, j’ai cliqué sur « envoyer ».
Il y a des moments qui changent la trajectoire d’une vie.
Le plus étonnant, c’est que ces moments sont rarement cruciaux. Ils sont juste les premières pierres d’édifices qui ont le potentiel de devenir immenses.
La première fois qu’on partage son travail, une oeuvre, une idée ou un projet, c’est souvent beaucoup de pression. « Suis-je prêt à révéler cette part de moi ? Mon client, mon audience ou ma communauté vont-ils accepter ce que je propose et l’apprécier ? Que vont-ils penser de moi ? »
Ce qui retient le plus de potentiels entrepreneurs et artistes n’est pas le manque de talent. C’est la crainte du premier pas. Le déficit de confiance en soi. Le doute sur la qualité d’une création.
Beaucoup d’entre nous sommes passés par là et la plupart continuent d’expérimenter cette sensation.
Ce n’était pas simple mais un jour, j’ai décidé de commencer à créer du contenu.
Et puis, j’ai cliqué sur « envoyer ».
L’angoisse du bouton « envoyer » (et ses frères « publier » et « partager »)
Le 31 août 2017, j’ai partagé mon tout premier article. C’était sur Medium.
Je savais depuis longtemps que je voulais écrire, mais jamais je n’avais osé franchir le pas. Au final, j’ai quand même eu plus d’une centaine de lectures de ce premier jet et ça, c’était plutôt impressionnant.
Mais en mai 2017, j’avais déjà partagé mon travail et ressenti cette appréhension : c’est quand j’ai collaboré avec mon premier client, le propriétaire d’un blog sur le soutien scolaire à Paris. Je l’avais trouvé via Crème de la crème et quand j’ai cliqué sur « envoyer », mon premier article rémunéré était envoyé. Le retour était correct mais l’incertitude régnait.
Si je remonte plus loin, je pense à mes CVs et lettres de motivation pour des études, stages et autres jobs d’été. Moins de pression, mais ça reste une action relativement angoissante.
Vous le connaissez, ce sentiment à mi-chemin entre l’excitation et l’anxiété.
Alors comme se le demande Orelsan, quand est-ce que ça s’arrête ?
Le peur de partager disparaît-elle un jour ?
J’ai lancé ma newsletter cet été. Lorsque j’ai envoyé la toute première édition à la vingtaine de personnes qui représentaient mes tout premiers followers (surtout des amis), c’était un sacré trac.
« La majorité de ces gens vont lire mon mail. Ils ne vont pas me louper si je me rate. J’espère qu’il n’y aura pas trop de désabonnements… »
J’ai appris avec le temps que ces pensées sont normales. Ces remises en question sont même nécessaires.
Aujourd’hui j’envoie la 15ème édition à 128 abonnés. Et étrangement, j’ai moins la pression qu’au départ, alors que j’ai 6 fois plus de lecteurs. En fait, je pense que cette peur ne disparaît jamais totalement.
J’ai lancé mon site en mars 2019 et une fois encore, c’était un mélange assez subtile d’appréhension et d’enthousiasme. N’étant pas du tout développeur web ni designer, j’ai sollicité des retours d’un air fébrile mais euphorique.
En fait, même les plus grands humoristes avouent être dans le mal avant de monter sur scène. Les plus écrivains doutent de leurs écrits. Les entrepreneurs les plus successful remettent constamment en question leur projet.
Les artistes en général et les entrepreneurs n’agissent pas sans peur. Ils ne sont pas des machines à décider, à agir et à résister sans sentiments. C’est l’image qu’ils renvoient dans leurs interviews, leurs biographies et leurs oeuvres, mais il faut creuser pour découvrir l’humain angoissé qui se cache presque toujours derrière.
Ils sont juste plus doués que la moyenne pour gérer cette envie de plaire et de ne pas décevoir.
Je ne me compare pas à eux, évidemment. J’ai encore un sacré bout de chemin à parcourir avant que quelqu’un d’autre que moi-même souhaite écrire ma biographie… mais je compare ma situation et celles de nombreux autres jeunes créateurs et entrepreneurs à la leur.
Suis-je à la hauteur de ce qu’on attend de moi ?
Quand un client m’approche sur LinkedIn, me fait une proposition parce qu’il estime que je suis suffisamment expert et professionnel pour répondre efficacement à son besoin, j’ai envie de me montrer à la hauteur.
C’est normal, c’est le but de ma stratégie d’acquisition pour l’inbound marketing. Il me reste à assurer ensuite.
De son côté, il a confiance en moi (mon personal branding a bien rempli sa mission). Mais moi, serai-je à la hauteur ? Evidemment, si j’accepte le projet, c’est que je m’en sens capable.
Mais j’ai parfois peur de décevoir, ou plutôt j’ai envie d’atteindre le graal : la satisfaction client optimale. D’où une parenthèse importante ici : à mon sens, il peut être très dangereux de se vendre comme meilleur que l’on est réellement (et ça vaut pour les produits et les services comme pour les indépendants).
J’ai déjà accepté des missions très ambitieuses pensant que les mener à bien me demanderait juste un peu plus d’efforts que d’habitude.
Il m’est arrivé de déchanter. De paniquer, même.
Heureusement, j’ai énormément appris de ces moments. J’ai compris ce sur quoi j’étais vraiment bon, ce qui m’a aidé à mieux clarifier mon offre. J’ai aussi compris comment me vendre sans en faire des tonnes car rendons-nous à l’évidence : je ne suis pas Seth Godin.
C’est d’ailleurs le problème avec le marketing : rendre plus désirable une offre qu’elle ne l’est réellement et donc, risquer de créer un effet déceptif.
En résumé, je pense que se demander instinctivement et constamment si l’on est à la hauteur est une façon de rester humble et de s’améliorer. Cela empêche certains égos de se déconnecter de la réalité. Attention toutefois à restreindre ce sentiment, au risque qu’il se transforme en syndrome de l’imposteur ou en panique, bloquant toute création, tout projet et toute aventure.
L’idéal est donc de se positionner entre l’arrogant auto-suffisant persuadé d’être le meilleur, et le timide modeste à faible estime de lui-même.
Bref.
Toutes les fois où j’ai cliqué sur « envoyer« , « partager » ou « publier » m’ont permis d’en arriver où j’en suis aujourd’hui. Chacune de ces actions a contribué à construire la vie que je mène aujourd’hui.
Je dois vous l’avouer, c’est une vie que j’apprécie beaucoup et que je n’imaginais pas il y a encore un an.
Un contenu ambitieux livré à un client. Un devis de plusieurs milliers d’euros envoyé à un prospect. Un article très personnel publié sur mon blog. Une newsletter engagée qui part à tous mes abonnés.
J’espère ressentir encore longtemps ce frisson du clic sur « envoyer ».
J’espère que vous aussi, vous parviendrez à passer outre la peur, ne laissant pas ce frisson vous immobiliser.
Croyons en nous. Comme l’a un jour dit un grand poète contemporain : « Qui va croire en toi dis-moi, si tu ne le fais pas ? »
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